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Arts et technologies

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Savoirs dangereux

2024-07-19 09:03


[ Un peu la même thèse que la partie précédente :
1.? Arguments en faveur de leur sauvegarde / acces (=> (<) accès / (>) rareté)
2.! Inquiétude de la diff. de savoirs "dangereux" /ou/ de leur censure ]

[ Par la suite, j'expose des bibliothèques politiques dont certaines ne sont pas jugées problématiques/dangereuses : idéeologie libérale, Madoff/SBF/Sam_Altman
/VS/ celles libertaires qui sont attaquées ]

[ J'ai envie que les idées d'un autre bord que le mien soient censurées/limitée ]
[ J'ai un double standard autour duquel je peux tourner à l'infini sans résolution ]

Image romantique, bibliothèques mystérieuses  :
dangereux pouvoirs

[ Reformulation alambiquée de ce qu'est une bibliothèque de l'ombre ]
Une "bibliothèque de l'ombre" peut évoquer bien autre chose l'ingéniosité déployée par des collectivités humaines afin de distribuer autrement un large catalogue de savoirs au plus grand nombre (en profitant des avantages disruptifs du numérique à distribuer l'information).

Accoler ces deux termes peut causer une dissonance romantique et ouvrir d'autres imaginaires. On imagine alors un réseau sous-terrain par lequel se diffuse des savoirs étrangers, les étagères remplies des pouvoirs extraordinaires (et en cela dangereux, méconnus, mal compris sinon volontairement oubliés, sortis des bibliothèques officielles, écartés des registres de confiance). Des meubles devenus des disques durs que s'échangent des savants fous, des terroristes ou des criminels, des sorcières et activistes, des conteurs et conteuses.

On peut aussi repenser aux bibliothèques dans les films/romans d'espionnage ou d'épouvante : servant à dissimuler un passage secret. Des récits fantastiques donneront vie au meuble lui-même ([ex]).

Choix politiques, clandestinité / interdictions

Sous cet angle, c'est moins la pratique de diffusion illégale qui nous les ferait qualifier d'"obscures", pour ne pas dire "clandestines". Des savoirs jugés dangereux, préjudiciables, portant atteinte à la tranquillité du monde et qu'ainsi, nos sociétés humaines tenteraient d'empêcher la diffusion. Elles contiendraient ce que les autres refusent d'achalander dans leurs rayons publics. Des savoirs occultes, pour certains, devenus clandestins, interdits de publication (ou de réédition), relégués dans l'arrière-boutique de bibliothèques privées sinon spécialisées (dont la rareté a fait monter les prix).

Endoctrinement

L'espace public de la bibliothèque rapproche nécessairement des thèses/récits contradictoires qui ne peuvent satisfaire toutes les orientations et croyances humaines. Certaines thèses, certains propos, peuvent envouter, faire basculer dans la folie, endoctriner le/la lectrice, lui faire perdre la raison.

Anti progressistes / choix des bib publiques

On a cette crainte que l'espace public de la bibliothèque ne remplisse pas sa mission, présumée de donner accès à un savoir de qualité, à des œuvres essentielles, de référence. Et, il n'est pas rare, surtout aux États Unis, que des collectifs civils s'insurgent contre la présence de livres progressistes dans les rayons pour enfants. Le pluralisme des points de vue qui appartient aux personnes en charge de l'établissement, modérateur avérti.e des tendances et popularités des ouvrages et qui voudra ou non favoriser ces tendances. Les divergences et pressions politiques sur ces espaces d'émergence culturelle semblent minimes mais, comme sur tous les réseaux du monde, ces pressions, apparentées ou non à de la censure, peuvent énormément varier d'un pays à l'autre.

[ouverture // internet : même préoccupation]
Pour nous, la bibliothèque tient le rôle d'un réseau sanctuaire, hétérogène au reste du monde social, non déconnecté de lui mais protégé des forces extérieures. Espace parfaitement public, il doit s'assurer d'avoir les capacités de se protéger de pouvoirs politiques adverses qui voudraient le contraindre, réduire les libertés qui s'y réalisent. Mais, au fond, comme tout espace public, se pose la question des limites de l'intervention extérieure gouvernante. Jusqu'où doit-on laisser la politique s'occuper de nos affaires ? Jusque dans la chambre à coucher ou dans nos assiettes ? De quoi se mêlent les autorités au pouvoir ? Quelle est la justification de leurs actions ?

Outro général : incitatif, passage à l'acte

Les livres ont bien entendu un pouvoir sur celles et ceux qui les ouvrent. Celui des mots, des idées. C'est par eux que nous découvrons aussi d'autres réalités sur le monde, d'autres points de vue qui l'ouvrent ou le referment, autorisent ou punissent certains passages à l'acte. Ces contenants peuvent, dans l'esprit de leurs lecteurs et lectrices, être l'origine d'un revirement politique insurrectionnel, esthétique sinon sensible. Des thèses méconnues, devenues marginales, peuvent ressurgir, bien vivantes entre ces pages. Ce qu'on qualifie de bibliothèque de l'ombre qualifiait alors ces réservoirs de savoirs enfouis, undeground/maquisards/clandestins, que les autres espaces publics ont interdits. Elles laisseraient peser un risque sur des sociétés qui, dès lors, pour s'en protéger, décident de les exclure des espaces publics autorisés, tentant de les effacer des mémoires.

Psueo science et encadrement thérapeutique

[nous pensons... quel lien !, expliciter]
Par EX/, [nous pensons] ici à l'art/science d'herboriste, interdite en France [source, date] pour ne pas avoir su produire les preuves de son efficacité (au regard d'autres approches médicamenteuses éprouvés, aillant, selon une méthode scientifique expérimentale, fourni les preuves de leur efficacité tout en apportant les moyens de la réfutabilité des hypothèses avancées. Dès lors, faudrait-il que les savoirs qui ne répondent pas aux attentes de ce régime de vérité soient bannis du champ du connu ?

[ Reformuler, redites ]

  • Qu'imparfaite au regard du régime tendant à l'univocité des résultats, cette pratique non scientifique —mais peut-être artistique sinon artisanale, culturelle sinon religieuse— soit censurée ?
  • On leur reproche de ne pas répondre aux attentes du régime de la preuve scientifique alors que ces pratiques font appel à d'autres bibliothèques signifiantes, à d'autres ensembles de connaissances et modalités d'éprouver ainsi "le réel".
  • Il leur est reproché de se (re)présenter comme des sciences exactes, d'en avoir la forme, voire le jargon, quand la complexité tissées entre les observations et expérimentations repose en vérité sur des observations subjectives non vérifiées/éprouvées/sourcées : l'interprétation individuelle intéressée (plutôt que sur des effets quantifiés sur la matière).

Les effets observés peuvent apparaitre comme bénéfiques pour les usagers convaincus, mais jugés comme nul dès lors que reproduits en laboratoires, selon un protocole scientifique rigoureux (en double aveugle par exemple) qui tente de réduire certains biais de confirmation (ou effets contextuels). Pour autant, comme l'homéopathie, l'effet placebo peut être bénéfique.

Régime académique

[ à propos des savoirs herboristes ]
Si ces savoirs sont interdits (et les pratiques qui en découlent), c'est peut-être pour protéger les individus d'usages ainsi jugés dangereux (pouvant être inefficaces ou toxiques) : une décision politique pour des raisons de sécurité sanitaire. Mais, on peut aussi y voir l'annihilation d'une culture riche, autrement dit, s'inquiéter de la perte d'un patrimoine culturel et d'une sensibilité au vivant.

Régime nécessaire, porteur

Nous ne fustigeons pas les appareils de consensus et de critique que les sciences ont échafaudés. Au contraire, la pratique de méthodes critiques, susceptibles de faire consensus de façon rationnelle permet de structurer la pensée, d'éclairer les décisions politiques, de réduire le flou interprétatif. Elles proposent une chaine de production et de vérification de ce sur quoi l'on peut avoir confiance. Avoir accès à cet appareil de l'actualité de la controverse est important pour se faire un avis éclairé.

Magie / incalculabilité + autre relationnel

Pour autant, ce canal, universitaire/académique, peut sembler écraser d'autres épistémologies intégrant le ressenti intuitif des individus dans le processus. Une part d'incalculabilité qui donne son pouvoir magique, sa virtualité à la pratique, lui confère un pouvoir spéculatif. Une autre rationalité, parfois symbolique, qui, plutôt que de viser l'univocité et la certitude, recherche par l'art les moyens d'atteindre une vie bonne, d'autres rapports à soi et au vivant. Une philosophie de vie, une spiritualité technicienne qui autorise la magie, de laisser des parts d'ombre, nécessaires à la croyance pour être créatrice (de récits, d'envie).

Marginaliser

On ne retirera à celles et ceux qui pratiquent ces médecines alternatives la conviction que les effets de ces pratiques sont positifs dans leurs vies. Interdire le développement d'une culture conduit à la marginaliser, la rendre minoritaire au bénéfice d'autres alors triomphantes. On s'attaque ainsi à une technicité qu'on rend obsolète, moins pratiquée et par conséquent moins bien comprise et appréciée. Les retirer du registre du connu renforce l'hégémonie culturelle des sciences contemporaines qui se présentent alors comme seules capables de dire ce qui est le plus sûr dans l'état actuel de la recherche.

Substances (ouverture)

Dans bien des cas, les préparations proposées auront un effet. Le problème est que la complexité de ces arts les font passer pour scientifiques là où ils le sont à moitié (pseudo-scientifique). Il serait sans doute abusif de penser que les personnes qui se soignent par ces méthodes y voient une pratique éprouvée scientifiquement.

Outro substances

Elles font plutôt confiance à une continuité de savoirs maintenus en vie par la pratique et [sans doute] moins préjudiciable qu'une science omnipotente. Elles y voient une alternative viable à une médecine allopathique pouvant, elle aussi, être dangereuse. La légalisation des substances sur le marché porte à débat. L'usage des plantes tout autant dès lors qu'elles ne sont pas inoffensives et peuvent, en outre, devenir nocives, dangereuses.

Politiques de terrain / répression

La "liberté", n'apportant pas réellement de cadre politique critique stable, pourrait ici encore être invoquée comme supérieure, et renvoyer les individus à leur responsabilité personnelle. Il reviendrait aux individus de se soigner ou de se mettre en danger selon leurs choix inaliénables. Les pouvoirs publics mis à dispositions devraient alors assurer un support psychologique ou d'information limitant les risques vis-à-vis de ces consommations. Une politique humaniste/sociale, engageant des moyens conséquents sur le terrain, tournée sur de l'accompagnement plutôt que la répression des populations (déjà marginalisées).

Substances (re) /vs/ médecine "claissique"

Ces pratiques qui évaluent autrement les risques de certaines substances et tendent vers l'autonomie de production. Ces alternatives artisanales tendent à disparaitre du fait d'un monopole des médecines industrielles, capables selon leurs propres critères d'évaluer les risques et bénéfices qu'elles font courir aux malades (selon une réglementation de mise sur le marché qui, sans être parfaite, peut mener à d'effroyables désastres, nous pensons ici au marché des opioides et du fantanyle). Des technologies médicales, de surcroit autoritaires qui nécessitent des moyens industriels/extractivistes qui, ici aussi, réduisent les capacités des individus à s'autonomiser [je pense ici aux "Techniques autoritaires et techniques démocratiques", Lewis Mumford, citer].

Une inquiétude que nous formulions ici :
digression_open_databreach, celle de voir les arts ne se pliant pas au régime d'univocité des sciences (celui de la réfutabilité), interdit de diffusion et de pratique, méprisés alors qu'ils inventent d'autres modalités relationnelles, sur d'autres bases que la rationalité matérialiste.

[ Je pensais à deux livres pour parler de ce problème d'accès à l'univoque, ou la part manquant, de ce qui échappe au numérique (incalculabilité ; limites du champ des sciences : espaces integnables, deep/dark), les points aveugles de la science, la nécessité de s'en imaginer, de pouvoir croire (aussi, en dehors de l'épistémologie scientifique, de la nécessité d'espaces d'ombre dans la grande carte des savoirs): ] [ vers une épistémologie pirate ? ]

Thomas Bauer,
Vers un monde univoque.
Éd. l'Échappée (2024) : bib_319

Frédéric Neyrat,
La part inconstructible de la Terre : Critique du géo-constructivisme.
Éd. Seuil (2016) : bib_127

De quel droit des connaissances, croyances et pratiques culturelles qui en découlent, marginales ou non, devraient être interdites, dénigrées ?!

[ Redite // passage sur les substances/herboriste ]
[ C'est aussi reprendre les arguments des admins que d'expliquer quels savoirs/ressources "autres/diférentes", mal/peu (ré)éditées s'y trouvent ]
[ Je faisais également un parallèle avec Rumble/Odyssé... quant à la migration de contenus enfreignant les CGU, trouvant d'autres moyens/réseaux, autonomes (www) + WatchCops... et autres sites d'information censurés se repliant sur le DN (ou messageries/réseaux_sociaux chiffrés /et/ aux CGU libértariennes...), des économies/écosystèmes techniques résistants, adaptés pour poursuivre leur activité illicite ]

Les bibliothèques de l'ombre peuvent avoir cette vocation de maintenir en accès des ouvrages peu édités, sinon interdits. Un choix de la part de certains modérateurs et modératrices qui jugent selon leur orientation politique (parfois libertarienne) qu'aucune force politique ne devrait dicter/contraindre l'action libre des individus (souverains·souveraines), capables d'auto-discernement. L'individu tout-puissant est responsable des conséquences de ses actes (et de sa destiné) : acteur.actrice de sa vie.

Wikileaks

[C'est peu ou proux  :
heu, non, transition à revoir/justifier]
la position radicale de Wikileaks qui, en filtrant dans une moindre mesure, s'en remet à l'intelligence collective pour faire bon usage des données et du réel qu'elles mettent en perspective. On redonne ainsi [au peuple] la capacité d'auto détermination sur le réel dont la lecture est tronquée à cause d'une opacité d'accès/lisibilité. WL à fait fuiter (sortir, rendu public) ce qui est retiré du connu/commun, ce qui est gardé secret. L

L'organisation controversée agit en transparence, en estimant que les institutions profitent de l'opacité pour agir en toute impunité, sans avoir de compte à rendre. Ainsi, temporairement, WL a retiré [aux puissants] le monopole du secret, a intégré leurs activités au débat public qu'ils tentaient d'éviter ; les a rendus responsables des conséquences de leurs activités illégales (ou outrepassant leurs champs d'action légitimes, prises hors du champ démocratique).

"Privacy for the weak, transparency for the powerful"

Citation attribuée à Julian Assange, fondateur de Wikileaks

[ là où je voulais en venir : WL ouvre des blackboxs, rend lisible ce qui devait resté secret ]
[ Une variation de la compréhention de ce que sont des bibliothèques de l'ombre : des savoirs/pouvoirs gardés secrets, réservés à une population acréditée ]

EX/ WannaCry / Vault7

Un large catalogue d'armes numériques utilisées par les services de renseignement américains est révélé par Wikileaks et l'ultime dossier intitulé Vault7. Une documentation qui n'aurait pas du fuiter (leak de la part des ShadowBrokers), WikiLeaks aurait dû les garder secrets à leur tour sans révéler la force de frappe des États-Unis ? En étant hébergés et accessibles au téléchargement, ces outils de pénétration informatique ont fait des ravages (WannaCry). L'argument avancé sur le terrain de guerre numérique est que la capacité de nuisance (de pénétration) aurait du rester entre les mains des "gentils" à qui il aurait incombé la responsabilité d'un usage nécessaire et bienfondé. En indexant ces outils au registre des connaissances contemporaines, Wikileaks a révélé/documenté leur dangerosité.

L'organisation a rendu publique une bibliothèque/librairie d'outils dangereux : un arsenal de guerre numérique. Une position politique radicale souvent critiquée par ses détracteurs. En agissant pour le bien collectif, le droit à l'information, Wikileaks met-il en danger les activités de terrain ? Est-il responsable des retombées négatives, des usages malfaisants des outils révélés, rendus publics et utilisés par des groupes hackeurs ? Sont-elless, par le secret qui les entoure et la dangerosité des outils qu'elles renferment, à considérer comme des bibliothèques de l'ombre ?
[ TODO, dev, oui?non ]

Modérer sans limite

Une fois encore, nous il est ici question de modération de contenus et de l'aspect problématique des appareils de jugement/évaluation qui justifient de garder ou non un contenu accessible (totalement ou partiellement). Les GAFAM, traitant de larges amas de données, se sont équipé d'outils automatisant cette tache que des humains viennent parfois évaluer pour éviter les faux-positifs. Il s'agira par EX/ de protéger l'exposition à des contenus haineux ou violents, mais on le sait aussi [source, exemple], à invisibiliser des contenus politiques. La fine limite entre modération et censure pose problème. L'immixtion d'intermédiaires politiques dans les espaces semi-publics dérange les publics pour qui l'autodétermination des individus est plus importante que la bienséance prétendue.
[ j'avais commencé un article introductif à ce sujet : modérer_internet ]

Bibliothèques/réseaux non partisan·es ( apolitiques )

Les bibliothèques de l'ombre justifient leur ouverture [source/cite?] par la nécessité de maintenir accessible des œuvres qui pourraient disparaitre. Elles invoquent un devoir de préservation/sauvegarde ouverte et libre (dont les savoirs minoritaires, peu édités, font partie). Un rôle bienfaiteur/protecteur, celui de maintenir en vie, peu importe leur bon goût politique ou l'origine d'une œuvre. Leur rôle serait neutre, non-éditorialiste : elles auraient une position neutre, non partisane (sinon compliquée à tenir). C'est le cas des bibliothèques grossistes comme Libgen ou Z library.

Responsabilité des FAI / hébergeurs

En définitive, elles tiennent la même position apolitique que pouvaient avoir les FAI se positionnant comme non responsables des contenus circulant sur leurs réseaux. Elles fournissent un accès, ce sont les hébergeurs qui sont responsables, ou plutôt leurs clients qui louent ces espaces. Une position neutre, apolitique, bien confortable car déléguant la responsabilité aux usagers finaux (aux clients). Une critique souvent faire aux plateformes/protocoles anonymisant qui protègent des activités illicites et les incriminent moralement comme responsables (inversant la responsabilité : si le couteau existe, c'est un usage particulier qui en sera fait qui sera préjudiciable et qu'il faudrait interdire).

Tor + Chat Control

Une association comme Tor, répondra qu'il faut lutter contre les contenus pornographiques illicites diffusés via les protocoles qu'ils mettent en place mais, pour autant, garantir des solutions de défense de la vie privée : sans compromis. Une position imparfaite selon les forces de polices et associaitons de prévention aux violences faites aux enfants qui jugent que la radicalité de l'anonymat qu'offre le chiffrement devrait contenir des portes dérobés, des moyens exceptionels, permettant "aux gentils" d'accéder aux contnenus dans le cadre d'une enquête. C'est le propos du documentaire d'Arte au sujet du grooming, qui va dans le sens d'une surveillance préventive des réseaux.
[ Nous traitions de ce sujet ici : docu-arte-grooming-chat-control

Danger d'exposition des thèses controversées

Il faut bien entendu chasser les thèses qui portent atteinte aux individus, limiter leur propagation. Mais, dans le même temps, nier cette réalité culturelle historique, gommer le racisme, la xénophobie, ne résout pas le problème de leur existence. Ce qui compte, en les expurgeant de la scène publique, de l'espace politique, c'est d'empêcher leur banalisation, d'éviter l'adoption de ces points de vue. Mais, malgré tout, ce filtrage imparfait produit du ressentiment pour celles et ceux dont la parole est interdite. Ce ressentiment peut d'ailleurs renforcer leur sentiment d'être incompris.es, non considéré.es.

.alt

Leur exclusion peut renforcer leur sentiment qu'il leur faut s'organiser pour résister aux attaques. Contre cette pensée lisse/filtrée, "bien pensante", les collectifs marginalisés s'organisent sur des plateformes qui leur sont plus clémentes dont quoi:X (ou encore Rumble), sous couvert de liberté d'expression, refusent tout arbitrage, diminuent les moyens alloués à la modération, évitant ainsi le rôle politique de jugé, d'arbitre et de censeur [source, datas/stats].

Auto-surveillance / instances

Il nous faut lutter (c'est-à-dire nous équiper de moyens judiciaires/citoyens/techniques proportionnés) pour punir les discours xénophobes, racistes, violents, etc. Or, les espaces platformisés du web nous en déchargent de cette tâche oppositionnelle. Elles choisissent pour nous ce qui est présent dans le réel, préfèrent notre engagement indigné plutôt que notre déconnexion/lassitude/ennui (perdre notre attention). Leurs CGU nous imposent un régime de gouvernance dont les sanctions qui en découlent ne sont pas toujours explicites (EX/ shadow_ban). Nous délèguerons aux algorithmes et aux filtres humains la tâche sensible de réfuter un propos, de refuser une image. Ce qui est retiré de l'espace public-politique commun semble l'être depuis une force extérieure de la volonté collective, naturalisée comme allant de soi. Un statu quo qui nous ramène à reproduire un régime de gouvernance féodaliste.

Cédric Durand,
Technoféodalisme :
Critique de l'économie numérique
.
Éd. La Découverte (2020)
<bib_136>

[ dev / conclure / cite ]

OUTRO reprendre le pouvoir /vs/ intrusion surveillante

En échange d'un sentiment de sécurité, Cédric Durand thèse va à l'encontre de nos aspirations communes. Il faudrait pour cela en revenir à des ilots et petites instances, fédérées et gouvernables (ce qui répartirait la charge de la responsabilité). [ citer Éloge du bug, jardin_numérique ]. La complexité des choix politiques nous est sinon dissimulée par design (jusqu'à l'arborescence des dossiers). Ce qui est proche, stocké en local, se confond avec le cloud lointain.

Les applications (à commencer par le web), sont proposées comme services. Nous sommes tributaires des évolutions consenties par les entreprises monopolistiques qui développent des solutions logicielles dont on peut rarement se passer. Nombreux sont les espaces du web à interdire certains fichiers, à rendre suspectes des activités qui s'éloignent des comportements attendus. Plus généralement, la surpuissance analytique des algorithmes de surveillance scrute les virtualités déviantes, les patterns suspects.

Une chasse à la déviance tout à fait louable, mais qui peut très vite se retourner contre nos libertés individuelles. Intrusives, elles peuvent devenir liberticides, injustes ou instrumentalisées à des fins politiques. Laisser faire n'est pas une position responsable, il faut s'équiper de moyens de gouverner. Il reste aux populations dont les activités sont criminalisées à travers le globe à se réfugier et à maintenir des réseaux alternatifs dont les surcouches protectrices permettront, malgré tout, de vivre et de se développer.