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Arts et technologies

herboriste :
savoirs interdits, risque d'oubli

2024-09-01 10:57

Psueo science et encadrement thérapeutique

[nous pensons... quel lien !, expliciter]
Par EX/, [nous pensons] ici à l'art/science d'herboriste, interdite en France [source, date] pour ne pas avoir su produire les preuves de son efficacité (au regard d'autres approches médicamenteuses éprouvés, aillant, selon une méthode scientifique expérimentale, fourni les preuves de leur efficacité tout en apportant les moyens de la réfutabilité des hypothèses avancées. Dès lors, faudrait-il que les savoirs qui ne répondent pas aux attentes de ce régime de vérité soient bannis du champ du connu ?

[ Reformuler, redites ]

  • Qu'imparfaite au regard du régime tendant à l'univocité des résultats, cette pratique non scientifique —mais peut-être artistique sinon artisanale, culturelle sinon religieuse— soit censurée ?
  • On leur reproche de ne pas répondre aux attentes du régime de la preuve scientifique alors que ces pratiques font appel à d'autres bibliothèques signifiantes, à d'autres ensembles de connaissances et modalités d'éprouver ainsi "le réel".
  • Il leur est reproché de se (re)présenter comme des sciences exactes, d'en avoir la forme, voire le jargon, quand la complexité tissées entre les observations et expérimentations repose en vérité sur des observations subjectives non vérifiées/éprouvées/sourcées : l'interprétation individuelle intéressée (plutôt que sur des effets quantifiés sur la matière).

Les effets observés peuvent apparaitre comme bénéfiques pour les usagers convaincus, mais jugés comme nul dès lors que reproduits en laboratoires, selon un protocole scientifique rigoureux (en double aveugle par exemple) qui tente de réduire certains biais de confirmation (ou effets contextuels). Pour autant, comme l'homéopathie, l'effet placebo peut être bénéfique.

Régime académique

[ à propos des savoirs herboristes ]
Si ces savoirs sont interdits (et les pratiques qui en découlent), c'est peut-être pour protéger les individus d'usages ainsi jugés dangereux (pouvant être inefficaces ou toxiques) : une décision politique pour des raisons de sécurité sanitaire. Mais, on peut aussi y voir l'annihilation d'une culture riche, autrement dit, s'inquiéter de la perte d'un patrimoine culturel et d'une sensibilité au vivant.

Régime nécessaire, porteur

Nous ne fustigeons pas les appareils de consensus et de critique que les sciences ont échafaudés. Au contraire, la pratique de méthodes critiques, susceptibles de faire consensus de façon rationnelle permet de structurer la pensée, d'éclairer les décisions politiques, de réduire le flou interprétatif. Elles proposent une chaine de production et de vérification de ce sur quoi l'on peut avoir confiance. Avoir accès à cet appareil de l'actualité de la controverse est important pour se faire un avis éclairé.

Magie / incalculabilité + autre relationnel

Pour autant, ce canal, universitaire/académique, peut sembler écraser d'autres épistémologies intégrant le ressenti intuitif des individus dans le processus. Une part d'incalculabilité qui donne son pouvoir magique, sa virtualité à la pratique, lui confère un pouvoir spéculatif. Une autre rationalité, parfois symbolique, qui, plutôt que de viser l'univocité et la certitude, recherche par l'art les moyens d'atteindre une vie bonne, d'autres rapports à soi et au vivant. Une philosophie de vie, une spiritualité technicienne qui autorise la magie, de laisser des parts d'ombre, nécessaires à la croyance pour être créatrice (de récits, d'envie).

Marginaliser

On ne retirera à celles et ceux qui pratiquent ces médecines alternatives la conviction que les effets de ces pratiques sont positifs dans leurs vies. Interdire le développement d'une culture conduit à la marginaliser, la rendre minoritaire au bénéfice d'autres alors triomphantes. On s'attaque ainsi à une technicité qu'on rend obsolète, moins pratiquée et par conséquent moins bien comprise et appréciée. Les retirer du registre du connu renforce l'hégémonie culturelle des sciences contemporaines qui se présentent alors comme seules capables de dire ce qui est le plus sûr dans l'état actuel de la recherche.

Substances (ouverture)

Dans bien des cas, les préparations proposées auront un effet. Le problème est que la complexité de ces arts les font passer pour scientifiques là où ils le sont à moitié (pseudo-scientifique). Il serait sans doute abusif de penser que les personnes qui se soignent par ces méthodes y voient une pratique éprouvée scientifiquement.

Outro substances

Elles font plutôt confiance à une continuité de savoirs maintenus en vie par la pratique et [sans doute] moins préjudiciable qu'une science omnipotente. Elles y voient une alternative viable à une médecine allopathique pouvant, elle aussi, être dangereuse. La légalisation des substances sur le marché porte à débat. L'usage des plantes tout autant dès lors qu'elles ne sont pas inoffensives et peuvent, en outre, devenir nocives, dangereuses.

Politiques de terrain / répression

La "liberté", n'apportant pas réellement de cadre politique critique stable, pourrait ici encore être invoquée comme supérieure, et renvoyer les individus à leur responsabilité personnelle. Il reviendrait aux individus de se soigner ou de se mettre en danger selon leurs choix inaliénables. Les pouvoirs publics mis à dispositions devraient alors assurer un support psychologique ou d'information limitant les risques vis-à-vis de ces consommations. Une politique humaniste/sociale, engageant des moyens conséquents sur le terrain, tournée sur de l'accompagnement plutôt que la répression des populations (déjà marginalisées).

Substances (re) /vs/ médecine "claissique"

Ces pratiques qui évaluent autrement les risques de certaines substances et tendent vers l'autonomie de production. Ces alternatives artisanales tendent à disparaitre du fait d'un monopole des médecines industrielles, capables selon leurs propres critères d'évaluer les risques et bénéfices qu'elles font courir aux malades (selon une réglementation de mise sur le marché qui, sans être parfaite, peut mener à d'effroyables désastres, nous pensons ici au marché des opioides et du fantanyle). Des technologies médicales, de surcroit autoritaires qui nécessitent des moyens industriels/extractivistes qui, ici aussi, réduisent les capacités des individus à s'autonomiser [je pense ici aux "Techniques autoritaires et techniques démocratiques", Lewis Mumford, citer].

Une inquiétude que nous formulions ici :
digression_open_databreach, celle de voir les arts ne se pliant pas au régime d'univocité des sciences (celui de la réfutabilité), interdit de diffusion et de pratique, méprisés alors qu'ils inventent d'autres modalités relationnelles, sur d'autres bases que la rationalité matérialiste.

[ Je pensais à deux livres pour parler de ce problème d'accès à l'univoque, ou la part manquant, de ce qui échappe au numérique (incalculabilité ; limites du champ des sciences : espaces integnables, deep/dark), les points aveugles de la science, la nécessité de s'en imaginer, de pouvoir croire (aussi, en dehors de l'épistémologie scientifique, de la nécessité d'espaces d'ombre dans la grande carte des savoirs): ] [ vers une épistémologie pirate ? ]

Thomas Bauer,
Vers un monde univoque.
Éd. l'Échappée (2024) : bib_319

Frédéric Neyrat,
La part inconstructible de la Terre : Critique du géo-constructivisme.
Éd. Seuil (2016) : bib_127