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Arts et technologies

P2 - Arte_pédocriminels

En regardant docu-arte-grooming-chat-control je me suis encore dit qu'en définitive, faute de pouvoir contourner le chiffrement par la technique, leurs opposants (divers par leurs motivations), s'attaquent à ces outils/moyens par l'opinion (dont la culture est l'un des vecteurs).
Que dit-on des objets culturels modifie les opinions à leur sujet.
Dans le documentaire/reportage d'Arte l'on finit par occulter le bénéfice pour les populations d'avoir à portée de main des canaux de communication dans lesquels il est effectivement possible de rester à anonymes, mieux, de garder à distance un tiers (état_entreprise surveillante, hacker malintentionné, data-broker, etc).
Bien entendu, les criminels emploient tous les moyens à leur disposition pour échapper aux contrôles existants.
Ces communautés s'informent et partagent leur expertise.
Les espaces ingouvernables font peur, car effectivement, sans pouvoir créer d'origine singulière à un objet, il devient plus difficile d'influer sur lui, ses comportements. Ainsi, les gouvernements se retrouvent défait de leur capacité d'agir. Un recul qui, effectivement, coute pour le reste de la société qui dépend de son intervention agencée sur le terrain. Réduire le terrain public sur lequel les lois sont applicables est, bien évidemment, problématique/dramatique.

Les auteurs de violences sexuelles sur mineurs abusent tout d'abord de la crédulité de leur cible chez qui ils/elles décernent une faille potentielle, une brèche. Il en va de même pour les hackeurs informatiques ou toute personne tordant les règles du jeu pour arriver à leur fin. C'est le propre des manipulateurs/ices qui n'ont pas de regret (car leur objectif est supérieur). L'objectif prime, l'intérêt est supérieur par rapport au gain du respect de l'autre ou des lois. Les risques existent mais ils peuvent être amoindris, calculés. La recherche de vulnérabilité est au centre du processus intrusif.

Quand je mets en ligne des informations me concernant (des photos par exemple), je ne le fais bien sûr pas dans un but d'être stalké. Ce sont les logiciels/algorithmes/IA qui vont constituer un profil type, affiner, avec d'autres informations, la probabilité que je fasse partie de tel ou tel archétype comportemental. Ces pratiques sont discutables, elles marchandisent le monde. Mais j'y ai consenti en signant les CGU ! L'abus repose plutôt sur le fait que ces documents, cachent leurs réels objectifs, sont, on le sait, indigestes. Quand des parents mettent en ligne des photos de leurs enfants, ils.elles n'imaginent pas qu'elles puissent être détournées, revendues. Il faut, d'une certaine façon, comprendre les risques particuliers de l'espace extra-public du web, d'Internet. La dangerosité d'être accessible publiquement sans créer de limite, d'espace privé fortifié, doit être comprise et intégrée dans nos gestes quotidiens.

Dans le hacking social (qu'utilisent les auteurs/ices de violences sexuelles) la manipulation se fait par étapes, multipliant les tentatives, récupérant pièce par pièce le consentement de la victime, cerné.e par des contradictions internes, des motivations sociales parfois mal assumées (surtout à un très jeune age). Le brouillard est diffus, englobant, il s'insinue lentement (sans quoi l'illusion serait rompue). La honte, nous rappelle le documentaire, peut enfermer les enfants pris pour cible, dans le silence, la mise à distance des parents (que l'intrus aura retourné comme ennemis). Le grooming s'ajoute à la longue liste des effets négatifs du web, de cette accessibilité à une altérité mondiale.

Les œuvres culturelles ou de pensée qui m'intéressent (appartenant au régime du divertissement ou à celui de la vérité) travaillent l'opinion à l'endroit des technologies. Elles montrent les effets de celles-ci sur nos sociétés, les façons dont elles altèrent/modifient les rapports de pouvoir et induisent des comportements. Nous sommes toustes sujets de ces intermédiations aujourd'hui discontinues de la "vraie vie". Elles font partie des moyens de subjectivation des individus. Elles sont pensées/conçues pour correspondre à des attentes sociales. Or, le monde est dangereux, fait de personnes qui recherchent et abusent du pouvoir que peuvent leur donner ces canaux.

Il y a sans doute un terme technique/théorique/poétique pour dire ce point de bascule dans un compromis (un dilemme). Car, en définitive, c'est autour de ce point que conclue la thèse d'Arte en agitant le doute sur le bien fondé du chiffrement : doit-on renoncer à un peu de vie privée pour protéger des enfants innocents, des bébés sans défense. J'écris ces mots sans le moindre sarcasme/ironie, avec toute la gravité de ce dilemme qu'un policier soulève durant l'interview. L'on voudrait intégrer un compromis dans une chaîne technique du secret, or, qui connait ces technologies doutera du bien fondé d'y instaurer des passe-droit, des mesures d'exception. Ce qu'on sait et comprend (ou veut laisser croire un agent interviewé) c'est que, même sans ces passe-droit, la police criminelle sait ruser pour rentrer sur les téléphones et autres périphériques. Le hack est sans doute davantage social, celui de l'infiltration, l'usage de faux comptes, l'enquête minutieuse. On comprend, on sait, que les entreprises collaborent avec la police pour diminuer l'impact de ces violences (en renseignant les services de police compétents).

En positionnant le dilemme de la sorte : viols/violences /VS/ vie-privée, il y a comme un sous-entendu que le coût positif de la vie privée est celui d'activités illicites impossibles. On insinue l'idée que les personnes soucieuses de leur garder certains aspects de leur vie privés, doivent se rendre compte du cout social de leur confort égoïste. La guerre culturelle à l'endroit du chiffrement n'a jamais pris fin. Comme bien d'autres objets culturels et politiques, la thèse d'Arte nous rappelle combien les technologies n'ont rien de "virtuel" et affectent nos vies. Il faut alors se demander par quels moyens agir et l'on voudrait tous que ce soit en amont des drames que le documentaire expose frontalement, dans une banalité qui doit nous permettre de conscientiser combien le phénomène est global, pour ainsi dire viral. Le tabou sexuel rend bien sûr l'avancée des réflexions plus complexes, moins facile à aborder. L'on voudrait aussi ne pas voir combien ces hacks de l'intimité sont systémiques, participant plus globalement à une idéologie patriarcale (entant que pour voir sur, n'excluant pas les personnes de genre assignées "femmes").

Ces pratiques nous dégoutent car nous saisissons le renversement qui a lieu dans l'abus du plus faible par un/une force dominant.e. L'adulte qui devrait prendre soin faillit de la pire des façons, abusant de son statut, de son pouvoir symbolique et physique. Le consentement y est arraché/substitué. C'est l'abus de pouvoir, commun à toustes, qui nous insurge face à ces pratiques. Mais on comprend aussi que les limites sont durs à instaurer chez les parents qui doivent veiller eux-même à éduquer l'enfant à l'importance d'un espace privé, à soi, à ce sentiment de dys-continuité, d'autonomie de l'autre. Un apprentissage de la distance, du propre, à soi, qui se formalise dans les espaces privées de la maison, délimitant des droits restreints. Cet aspect sociologique sur la petite enfance, cœur d'une telle réflexion, manque sans être absent à l'enquête d'Arte.

Je crois que ce dilemme me touche tout particulièrement. Il arrive à me faire douter. Car, en défendant les cannaux sécurisant nos vies privées (qui exclue l'intervention d'agents extérieurs), je sais que je défends le secret qui protèges ces attocités (et autres paradis-fiscaux et inaccessibles). Je défends en tout cas les moyens qui à certaines personnes servent à mal agir, à se protéger des répercutions d'un procès, de lois et d'un jugement de leurs intentions initiales : abuser de failles/vulnérabilités, être acteur.ice de violences sexuelles/psychiques. Le doute est permis quant à la légitimité (au bien fondé) de laisser en libre accès des moyens utilisés comme des armes. En se focalisant uniquement sur le consensus des violences faites aux enfants, omettant les bienfaits de cette vie privée (garantie par le chiffrement), on fait naturellement basculer l'opinion en défaveur de tels outils/moyens. On fait également comme si de tels renoncements techniques à une vie privée garantie, serait sans effets (qui, sont négligés, non exposés par l'ennuyante technicité).

On nous propose alors de renoncer à un existant technique, on présuppose qu'il est d'ailleurs dépassable, qu'on pourrait effectivement en diminuer l'usage ou le degré.


Un appel aux émotions qui laisse à penser que, avec toute la bienveillance de la chaîne, le propos est populiste, joue sur l'émotion plutôt que sur la raison, la réflexion, la complexité. On nous propose un consensus sans contrepartie. La thèse est à charge contre le chiffrement directement pris pour cible. En fond, c'est la question du recul des pouvoirs public qui est interrogée. Avec plus d'accès et de forces de police (préventives, d'enquête, d'action/terrain ?) les activités impunies seraient moins nombreuses. On omet le caractère systémique qui permet ces impunités. Ce qui me fait dire, vis-à-vis de mon sujet, les Darknets, que de façon plus générale (et comme je le fais souvent), c'est des espaces d'obscurcissement, de scission sociale qu'il est avant tout, selon moi question. Les Paradis fiscaux, les ports_francs et autres enclaves pirates, anarco-capitalistes. Les dispositifs de mise à distance des dispositifs d'enquête, d'inclusion au projet commun, politique. Ces endroits/moments, d'exclusion du tout-surveillant, synonyme de politique.


Les 5 chevaliers de l'infocalypse servent à justifier les attaques allant contre les technologies qui protègent des intrusions/surveillances numériques (tel le chiffrement). @Tim May, fondateur cryptopunk faisait déjà cette hypothèse : afin d'imposer une intrusion allant contre la vie privée (numérique) des individus, les pouvoirs en place justifirons leurs programme au nom de 5 pratiques criminelles constatées en ligne, sur les réseaux.

The Four Horsemen of the Infocalypse refers to those who use the Internet to facilitate crime or (pejoratively) to rhetorical approaches evoking such criminals.
The phrase is a play on Four Horsemen of the Apocalypse. There is not a universally agreed definition of who the Horsemen are. Terrorists, pedophiles/child molesters, organized crime like drug dealers, intellectual property pirates, and money launderers are cited commonly.

Four_Horsemen_of_the_Infocalypse
https://en.wikipedia.org/wiki/Four_Horsemen_of_the_Infocalypse

Notion aussi présente dans l'ouvrage collectif :

Jacob Appelbaum & Julian Assange & Andy Müller-Maguhn & Jérémie Zimmermann,
Menace sur nos libertés: Comment Internet nous espionne, comment résister.
Éd. Robert Laffont (2013) : bib_49

Il semble qu'aujourd'hui (2020+) l'infocalypse désigne une autre peur technologique, agitant une panique autrement morale : les deep-faces qui, si elles se généralisaient, attaqueraient un peu plus encore notre rapport au réel.
Avec l'émergence des IA, on saisit combien cette peur de déprise sur les technologies est exacerbée.