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Darknet_corpus

Arts et technologies

Pourquoi faire toutes ces technologies du secret si ce n'est pour survivre et lutter ?
Souvent, les défenseur.euses des applications de communication chiffrées, protégeant l'anonymat de celles et ceux qui les utilisent (sources), rappellent comment et combien ces outils sont précieux pour certaines populations souvent criminalisées / attaquées pour les modes de vie, leurs orientations, leurs choix propres et singuliers. Tor ne défend pas seulement les criminels et lanceuses d'alerte. L'anonymat que procurent ces protocoles réseaux, peuvent protéger des populations subalternes, que des classes privilégiées tentent toujours de garder "en dessous" des autres.

Quand on subit ces attaques, on apprend à se défendre et à s'armer. On ruse, on prévoit le pire, on se met en sécurité. Les canaux numériques peuvent servir de rempart, mais ils ne font pas tout. Pour bien s'équiper, il faut suivre des guides, rédigés pour cela, actualisés au fur et à mesure que les techniques ennemis/contraires évoluent : se tenir informé.e, s'éduquer à une hygiène de vie (numérique mais pas que), un régime de vie clandestin.

C'était l'une des thèses de mon article :
https://dn.vincent-bonnefille.fr/a/darknets-et-anarchives

BOUM.ORG

Parmis les collectifs qui font de la veille et pédagogie instructive sur les outils numériques à aiguiser pour échapper aux surveillances, Boum.org est l'un de ceux que j'ai longtemps suivis. Les fanzines et publications diverses du collectif m'avaient aidé dans la mise en place d'un relay Tor. J'avais mieux compris la différence avec un VPN et les risques de solutions qui ne sont n'intègrent pas par design la protection de la vie privée (privacy by design).

Aussi, je me demandais ce que devenait boum.org ainsi que rebellyon.info qui m'avait fait découvrir Guide d’Autodéfense Numérique (voir lien Rebellyon) que je relaie dans ma petite bibliothèque :

Collectif,
Guide d'autodéfense numérique.
Éd. Boum.org (2023)
<bib_302>



La page d'accueil de Boum.org ne répond plus...
Une archive :
https://web.archive.org/web/2/https://boum.org/
Mais le guide est encore disponible :
https://guide.boum.org

Notrace.how

De nombreuses ressources / lectures sont disponibles sur le site notrace.how
https://www.notrace.how/resources/#language=fr

Apprendre à devenir invisible,
éviter les pièges policiers, ruser, se défendre des abus,
Et puis des petits manuels techniques dont ce recueil :

Lettres d'amour

Certes, il faut inclure, donner de la place aux populations marginalisées, lutter contre les discriminations. Mais, la défense et les vœux pieux ne suffit pas. Dans les rapports de pouvoir qui se font jour, il faut savoir sortir du maquis, prendre les armes au-delà des mots.

https://projet-evasions.org/amour/ 2024
quote_on_ne_rem__de_pas____lexclusion_par_l_inclusion_mais_par_l_attaque_des_forces_qui_excluent.png

Guide de sécurité numérique pour travailleureuses du sexe

https://projet-evasions.org/cyberguide_fr/ 2023

Sommaire :
sommaire_cyberguide.png

Ici encore, comme avec le Guide d’Autodéfense Numérique, on retrouve la volonté de faire à partir d'un "terrain" concret. Ici, des humain.es au travail, souvent attaqué.es, devant se protéger en amont. Et, cela, autant à l'encontre de clients dangereux, abusifs, que de la famille/des proches qui ne peuvent/veulent pas toujours soutenir les pratiques ici documentées : celles des travailleuses (et travailleurs) du sexe.

Au même titre que les militantes et militants se savent surveillées, l'anonymat est ici vital, soucieusement construit, divisant le temps vécu/exposé en tâches. En nous explique ainsi, par de nombreux exemples et conseils, comment séparer sa vie officielle de celle du travail ou encore des ami.es et de la famille. Cela passe par une encapsulation des identités contenues dans des environnements qui leur sont propres, uniques. Cela, dans le but de maintenir les vies/activités distinctes, ne cohabitant pas (ou peu).

tableau

Queer Privacy

Ce dernier recceuil me faisait pensé à :

Sarah Jamie Lewis,
Queer Privacy.
Éd. Mascherari Press (2017)
<bib_59>


Sarah Jamie Lewis ( dont j'ai déjà parlé ici : [/b/qui:Sarah Jamie Lewis](https://dn.vincent-bonnefille.fr/b/qui:Sarah Jamie Lewis) ) dressait le portrait d'individus queers, s'intéressait à leurs moyens de subsistance, leur rapport au secret maintenu grâce à des outils numériques et autres moyens. Ces portraits entre hacking et vie protégée étaient produits par les interessé.es, suite à une submission publique en 2017.

After years of crappy representation I just wanna publish something filled with queer hacking & sex & "fuck your conservative sensibilities"

https://mascherari.press/queer-hacking-cfwa/

À moindres risques - Immersion en "salle de shoot"

Dans cette bande dessinée, les bulles donnent la parole à celleux qui sont "tombé dans la drogue". On nous raconte leur parcours tout en expliquant la stigmatisation de ces populations qui, dans les salles de shoot trouvent un peu de sécurité et d'aide. Des salles de shoot qu'il faut mieux appeller des Salles de consommation à moindre risque (SCMR). Elles sont ouvertes à des populations qui subissent des violences et le rejet social. Elles apportent autre chose qu'une réponse répressive.

Mat Let & Fachri Maulana,
À moindres risques - Immersion en "salle de shoot".
Éd. La Boite à Bulles (2024)
<bib_351>


Hélas, la réponse usuelle ne résout pas grand-chose aux problèmes générés par la consommation de produits stupéfiants : la répression ne réduit pas les usages et n’améliore en rien la vie des résidents, sauf à déplacer le problème dans de nouveaux quartiers (seule conséquence des décisions préfectorales et des interventions des forces de police, ce que démontre assez justement la BD).

Les Salles de consommation à moindre risque (SCMR) visent à proposer une solution alternative pour inciter les consommateurs de drogues dures à quitter l’espace public pour consommer leurs substances dans un espace contrôlé et médicalisé, offrant aussi à ceux qui le souhaitent des parcours de soin pour sortir du cycle infernal de la dépendance.

Jean-Samuel Kriegk (pour @Blast),
« Salles de shoot » : un progrès pour la santé publique et la sécurité, 2024 : https://www.blast-info.fr/articles/2024/salles-de-shoot-un-progres-pour-la-sante-publique-et-la-securite-hNYzoZzwSPaAFsDrtWG9WQ

Conclusion / ouverture

Peut-être que ce qu'ont en communs ces divers récits, c'est le terrain de vies précaires ou précarisées, attaquées par la population générale, incomprise. Celle de modalités de survie en milieux hostiles : le récit commun d'une nécessaire résistance pour vivre ou être. Et, c'est au côté de ces populations que les associations pour le maintien d'une vie privée luttent aussi. Pour que les attaques qui ne cessent pas soient rendues moins pénétrantes, moins oppressives et totales, permanentes, omniprésentes. Des espaces de survie qui nécessitent des moyens et un certain enseignement.

Par ces récits tenus par les intéressé.es elles-mêmes, d'autres récits de la violence existent, se racontent autrement que par la violence ennemie, favorable à leur enfermement. Ils racontent de l'intérieur, par une sociologie des techniques qui n'est pas que technicienne. Une vision concrète qui nous sort (me sors) un peu de la facilité théorique pour se rappeler de la nécessité de ces outils et moyens., de ce que cela veut dire que de chercher à les interdire/empêcher/censurer, des risques d'une telle défaite (des outils, tenus entre les mains des vivant.es)