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Bibliothèques_politiques

Dans cette dernière partie, nous voulions ouvrir les bibliothèques de l'ombre à une autre connotation, sans doute moins technique /ou/ plaçant du moins ailleurs/autrement l'illicite de ces bibliothèques. D'avantage lié aux contenus qu'on vient qualifier de dangereux, elles renfermeraient des savoirs...

Dans cette dernière partie, nous voulions ouvrir les bibliothèques de l'ombre à une autre connotation, sans doute moins technique /ou/ plaçant du moins ailleurs/autrement l'illicite de ces bibliothèques. D'avantage lié aux contenus qu'on vient qualifier de dangereux, elles renfermeraient des savoirs troublant l'ordre public, incitant à le défaire. Lectures dissidentes ou transgressives, leur enseignement pose un problème, inquiète et conduire à des gestes de censure, d'interdiction. Un arbitrage politique/culturel qui n'est jamais neutre, produit des frottements qui, peut-être encore plus autour de l'objet livre interroge dans les pays libéraux/démocratiques. Nous avons en tête des images d'autodafés, le souvenir historique des mouvements politiques autoritaires qui, une fois au pouvoir,r s'attaquent de prime abord aux cultures jugées déviantes/minoritaires.

À la lecture de ce roman :

Bohumil Hrabal,
Une trop bruyante solitude.
Éd. Robert Laffont (2012) : bib_103

... j'ai senti la fièvre compulssive du creusement infini de la recherche, cette frénésie inquiéte mais merveilleuse de ce qu'on appelle aujourd'hui le digging, activité de la flanerie, de la sérendipité parfois, de braconage, etc durant laquelle se dessine un espace mental nouveau et s'agrege de nouveaux savoirs que la nouveauté rend sucrés. Or, dans ce roman, le digging devient cette matière visceuse qu'il faut extirper pour trouver la pépite d'or. Une épopée météphysique dans laquelle le protagoniste en recherche se noit (mais se retrouve aussi). Un titre qui, comme les biblioth!ques de l'ombre, sonne comme une oxymore produisant une dissonance romantique.

Comment un espace de libération et de diffusion des savoirs pourrait être obscure, l'inverse du programme des Lumières

Comment une solitude pourrait ête bruyante quand elle nous évoque la disstance au monde, l'isolement de soi

L'on imagine dans la contradiction de ces termes une tension problématique qu'il faudrait résoudre mais qui, dramatiquement, s'alimente d'elle-même. Ces titres ont quelque chose du drame romantique où l'impossible est dans la solution.

Le titre de ce roman nous dit peut-être quelque chose d'un sentiment contradictoire que le monde connectiviste peut suciter en nous. Internet, index d'indexes (DNS), gargantesque usine à liens (pointant vers ou tournant en rond, morts ou invalides), nous pousse à la relation, à l'insolitude (à l'inséparaiton [source]). En nous plongeant dans un flux de solicitations discontinues, les réseaux ont fait basculé le moment privé, à soi, comme exceptionnel. Marcello Vitali-Rosati, Éloge du bug : être libre à l'époque du numérique, nous rappel [citation+page] comment la conception d'un cyberespace allait de paire avec celle d'un "monde virtuel". Il étatit distinct de l'espace médiatique commun et nécessait l'ouverture extraordinaire/exceptionnelle d'un portail (gate) par l'ordinateur (pas encore si peronnel ni connecté. Or, en se généralisant, en entrant dans nos chambres, nos lits, nos foyers, de jour comme de nuit, la virtualité distanciée ne l'est plus, faisant de nos intérieurs solitaires des "cellules molles"[^PaulBPreciado], ouvertes à tous les vents.

Marcello Vitali-Rosati,
Éloge du bug.
Éd. Zones (2024)
<bib_343>

Le protagoniste du roman vie la survivance de récits qui s'éffondrent sur lui. Dans ce cahos sans repère, il lui faut re-créer un index, de l'archie (de l'ordre) : ranger, agencer, selectionner. Sinon, dans ce brouhaha des solicitations indistinctes qui le submerge, il lui deviendra impossible de s'ateler à sa tâche présante : sauvegarder les livres qui forment sont abris et qui, à deux pas, brûlent, jettés par les fenêtres.


[ Un peu la même thèse que la partie précédente :
1.? Arguments en faveur de leur sauvegarde / acces (=> (<) accès / (>) rareté)
2.! Inquiétude de la diff. de savoirs "dangereux" /ou/ de leur censure ]

[ Par la suite, j'expose des bibliothèques politiques dont certaines ne sont pas jugées problématiques/dangereuses : idéeologie libérale, Madoff/SBF/Sam_Altman
/VS/ celles libertaires qui sont attaquées ]

[ J'ai envie que les idées d'un autre bord que le mien soient censurées/limitée ]
[ J'ai un double standard autour duquel je peux tourner à l'infini sans résolution ]

Image romantique, bibliothèques mystérieuses  :
dangereux pouvoirs

[ Reformulation alambiquée de ce qu'est une bibliothèque de l'ombre ]
Une "bibliothèque de l'ombre" peut évoquer bien autre chose l'ingéniosité déployée par des collectivités humaines afin de distribuer autrement un large catalogue de savoirs au plus grand nombre (en profitant des avantages disruptifs du numérique à distribuer l'information).

Accoler ces deux termes peut causer une dissonance romantique et ouvrir d'autres imaginaires. On imagine alors un réseau sous-terrain par lequel se diffuse des savoirs étrangers, les étagères remplies des pouvoirs extraordinaires (et en cela dangereux, méconnus, mal compris sinon volontairement oubliés, sortis des bibliothèques officielles, écartés des registres de confiance). Des meubles devenus des disques durs que s'échangent des savants fous, des terroristes ou des criminels, des sorcières et activistes, des conteurs et conteuses.

On peut aussi repenser aux bibliothèques dans les films/romans d'espionnage ou d'épouvante : servant à dissimuler un passage secret. Des récits fantastiques donneront vie au meuble lui-même ([ex]).

Choix politiques, clandestinité / interdictions

Sous cet angle, c'est moins la pratique de diffusion illégale qui nous les ferait qualifier d'"obscures", pour ne pas dire "clandestines". Des savoirs jugés dangereux, préjudiciables, portant atteinte à la tranquillité du monde et qu'ainsi, nos sociétés humaines tenteraient d'empêcher la diffusion. Elles contiendraient ce que les autres refusent d'achalander dans leurs rayons publics. Des savoirs occultes, pour certains, devenus clandestins, interdits de publication (ou de réédition), relégués dans l'arrière-boutique de bibliothèques privées sinon spécialisées (dont la rareté a fait monter les prix).

Endoctrinement

L'espace public de la bibliothèque rapproche nécessairement des thèses/récits contradictoires qui ne peuvent satisfaire toutes les orientations et croyances humaines. Certaines thèses, certains propos, peuvent envouter, faire basculer dans la folie, endoctriner le/la lectrice, lui faire perdre la raison.

Anti progressistes / choix des bib publiques

On a cette crainte que l'espace public de la bibliothèque ne remplisse pas sa mission, présumée de donner accès à un savoir de qualité, à des œuvres essentielles, de référence. Et, il n'est pas rare, surtout aux États Unis, que des collectifs civils s'insurgent contre la présence de livres progressistes dans les rayons pour enfants. Le pluralisme des points de vue qui appartient aux personnes en charge de l'établissement, modérateur avérti.e des tendances et popularités des ouvrages et qui voudra ou non favoriser ces tendances. Les divergences et pressions politiques sur ces espaces d'émergence culturelle semblent minimes mais, comme sur tous les réseaux du monde, ces pressions, apparentées ou non à de la censure, peuvent énormément varier d'un pays à l'autre.

[ouverture // internet : même préoccupation]
Pour nous, la bibliothèque tient le rôle d'un réseau sanctuaire, hétérogène au reste du monde social, non déconnecté de lui mais protégé des forces extérieures. Espace parfaitement public, il doit s'assurer d'avoir les capacités de se protéger de pouvoirs politiques adverses qui voudraient le contraindre, réduire les libertés qui s'y réalisent. Mais, au fond, comme tout espace public, se pose la question des limites de l'intervention extérieure gouvernante. Jusqu'où doit-on laisser la politique s'occuper de nos affaires ? Jusque dans la chambre à coucher ou dans nos assiettes ? De quoi se mêlent les autorités au pouvoir ? Quelle est la justification de leurs actions ?

Outro général : incitatif, passage à l'acte

Les livres ont bien entendu un pouvoir sur celles et ceux qui les ouvrent. Celui des mots, des idées. C'est par eux que nous découvrons aussi d'autres réalités sur le monde, d'autres points de vue qui l'ouvrent ou le referment, autorisent ou punissent certains passages à l'acte. Ces contenants peuvent, dans l'esprit de leurs lecteurs et lectrices, être l'origine d'un revirement politique insurrectionnel, esthétique sinon sensible. Des thèses méconnues, devenues marginales, peuvent ressurgir, bien vivantes entre ces pages. Ce qu'on qualifie de bibliothèque de l'ombre qualifiait alors ces réservoirs de savoirs enfouis, undeground/maquisards/clandestins, que les autres espaces publics ont interdits. Elles laisseraient peser un risque sur des sociétés qui, dès lors, pour s'en protéger, décident de les exclure des espaces publics autorisés, tentant de les effacer des mémoires.

Psueo science et encadrement thérapeutique

[nous pensons... quel lien !, expliciter]
Par EX/, [nous pensons] ici à l'art/science d'herboriste, interdite en France [source, date] pour ne pas avoir su produire les preuves de son efficacité (au regard d'autres approches médicamenteuses éprouvés, aillant, selon une méthode scientifique expérimentale, fourni les preuves de leur efficacité tout en apportant les moyens de la réfutabilité des hypothèses avancées. Dès lors, faudrait-il que les savoirs qui ne répondent pas aux attentes de ce régime de vérité soient bannis du champ du connu ?

[ Reformuler, redites ]

  • Qu'imparfaite au regard du régime tendant à l'univocité des résultats, cette pratique non scientifique —mais peut-être artistique sinon artisanale, culturelle sinon religieuse— soit censurée ?
  • On leur reproche de ne pas répondre aux attentes du régime de la preuve scientifique alors que ces pratiques font appel à d'autres bibliothèques signifiantes, à d'autres ensembles de connaissances et modalités d'éprouver ainsi "le réel".
  • Il leur est reproché de se (re)présenter comme des sciences exactes, d'en avoir la forme, voire le jargon, quand la complexité tissées entre les observations et expérimentations repose en vérité sur des observations subjectives non vérifiées/éprouvées/sourcées : l'interprétation individuelle intéressée (plutôt que sur des effets quantifiés sur la matière).

Les effets observés peuvent apparaitre comme bénéfiques pour les usagers convaincus, mais jugés comme nul dès lors que reproduits en laboratoires, selon un protocole scientifique rigoureux (en double aveugle par exemple) qui tente de réduire certains biais de confirmation (ou effets contextuels). Pour autant, comme l'homéopathie, l'effet placebo peut être bénéfique.

Régime académique

[ à propos des savoirs herboristes ]
Si ces savoirs sont interdits (et les pratiques qui en découlent), c'est peut-être pour protéger les individus d'usages ainsi jugés dangereux (pouvant être inefficaces ou toxiques) : une décision politique pour des raisons de sécurité sanitaire. Mais, on peut aussi y voir l'annihilation d'une culture riche, autrement dit, s'inquiéter de la perte d'un patrimoine culturel et d'une sensibilité au vivant.

Régime nécessaire, porteur

Nous ne fustigeons pas les appareils de consensus et de critique que les sciences ont échafaudés. Au contraire, la pratique de méthodes critiques, susceptibles de faire consensus de façon rationnelle permet de structurer la pensée, d'éclairer les décisions politiques, de réduire le flou interprétatif. Elles proposent une chaine de production et de vérification de ce sur quoi l'on peut avoir confiance. Avoir accès à cet appareil de l'actualité de la controverse est important pour se faire un avis éclairé.

Magie / incalculabilité + autre relationnel

Pour autant, ce canal, universitaire/académique, peut sembler écraser d'autres épistémologies intégrant le ressenti intuitif des individus dans le processus. Une part d'incalculabilité qui donne son pouvoir magique, sa virtualité à la pratique, lui confère un pouvoir spéculatif. Une autre rationalité, parfois symbolique, qui, plutôt que de viser l'univocité et la certitude, recherche par l'art les moyens d'atteindre une vie bonne, d'autres rapports à soi et au vivant. Une philosophie de vie, une spiritualité technicienne qui autorise la magie, de laisser des parts d'ombre, nécessaires à la croyance pour être créatrice (de récits, d'envie).

Marginaliser

On ne retirera à celles et ceux qui pratiquent ces médecines alternatives la conviction que les effets de ces pratiques sont positifs dans leurs vies. Interdire le développement d'une culture conduit à la marginaliser, la rendre minoritaire au bénéfice d'autres alors triomphantes. On s'attaque ainsi à une technicité qu'on rend obsolète, moins pratiquée et par conséquent moins bien comprise et appréciée. Les retirer du registre du connu renforce l'hégémonie culturelle des sciences contemporaines qui se présentent alors comme seules capables de dire ce qui est le plus sûr dans l'état actuel de la recherche.

Substances (ouverture)

Dans bien des cas, les préparations proposées auront un effet. Le problème est que la complexité de ces arts les font passer pour scientifiques là où ils le sont à moitié (pseudo-scientifique). Il serait sans doute abusif de penser que les personnes qui se soignent par ces méthodes y voient une pratique éprouvée scientifiquement.

Outro substances

Elles font plutôt confiance à une continuité de savoirs maintenus en vie par la pratique et [sans doute] moins préjudiciable qu'une science omnipotente. Elles y voient une alternative viable à une médecine allopathique pouvant, elle aussi, être dangereuse. La légalisation des substances sur le marché porte à débat. L'usage des plantes tout autant dès lors qu'elles ne sont pas inoffensives et peuvent, en outre, devenir nocives, dangereuses.

Politiques de terrain / répression

La "liberté", n'apportant pas réellement de cadre politique critique stable, pourrait ici encore être invoquée comme supérieure, et renvoyer les individus à leur responsabilité personnelle. Il reviendrait aux individus de se soigner ou de se mettre en danger selon leurs choix inaliénables. Les pouvoirs publics mis à dispositions devraient alors assurer un support psychologique ou d'information limitant les risques vis-à-vis de ces consommations. Une politique humaniste/sociale, engageant des moyens conséquents sur le terrain, tournée sur de l'accompagnement plutôt que la répression des populations (déjà marginalisées).

Substances (re) /vs/ médecine "claissique"

Ces pratiques qui évaluent autrement les risques de certaines substances et tendent vers l'autonomie de production. Ces alternatives artisanales tendent à disparaitre du fait d'un monopole des médecines industrielles, capables selon leurs propres critères d'évaluer les risques et bénéfices qu'elles font courir aux malades (selon une réglementation de mise sur le marché qui, sans être parfaite, peut mener à d'effroyables désastres, nous pensons ici au marché des opioides et du fantanyle). Des technologies médicales, de surcroit autoritaires qui nécessitent des moyens industriels/extractivistes qui, ici aussi, réduisent les capacités des individus à s'autonomiser [je pense ici aux "Techniques autoritaires et techniques démocratiques", Lewis Mumford, citer].

Une inquiétude que nous formulions ici :
digression_open_databreach, celle de voir les arts ne se pliant pas au régime d'univocité des sciences (celui de la réfutabilité), interdit de diffusion et de pratique, méprisés alors qu'ils inventent d'autres modalités relationnelles, sur d'autres bases que la rationalité matérialiste.

[ Je pensais à deux livres pour parler de ce problème d'accès à l'univoque, ou la part manquant, de ce qui échappe au numérique (incalculabilité ; limites du champ des sciences : espaces integnables, deep/dark), les points aveugles de la science, la nécessité de s'en imaginer, de pouvoir croire (aussi, en dehors de l'épistémologie scientifique, de la nécessité d'espaces d'ombre dans la grande carte des savoirs): ] [ vers une épistémologie pirate ? ]

Thomas Bauer,
Vers un monde univoque.
Éd. l'Échappée (2024) : bib_319

Frédéric Neyrat,
La part inconstructible de la Terre : Critique du géo-constructivisme.
Éd. Seuil (2016) : bib_127

De quel droit des connaissances, croyances et pratiques culturelles qui en découlent, marginales ou non, devraient être interdites, dénigrées ?!

[ Redite // passage sur les substances/herboriste ]
[ C'est aussi reprendre les arguments des admins que d'expliquer quels savoirs/ressources "autres/diférentes", mal/peu (ré)éditées s'y trouvent ]
[ Je faisais également un parallèle avec Rumble/Odyssé... quant à la migration de contenus enfreignant les CGU, trouvant d'autres moyens/réseaux, autonomes (www) + WatchCops... et autres sites d'information censurés se repliant sur le DN (ou messageries/réseaux_sociaux chiffrés /et/ aux CGU libértariennes...), des économies/écosystèmes techniques résistants, adaptés pour poursuivre leur activité illicite ]

Les bibliothèques de l'ombre peuvent avoir cette vocation de maintenir en accès des ouvrages peu édités, sinon interdits. Un choix de la part de certains modérateurs et modératrices qui jugent selon leur orientation politique (parfois libertarienne) qu'aucune force politique ne devrait dicter/contraindre l'action libre des individus (souverains·souveraines), capables d'auto-discernement. L'individu tout-puissant est responsable des conséquences de ses actes (et de sa destiné) : acteur.actrice de sa vie.

Wikileaks

[C'est peu ou proux  :
heu, non, transition à revoir/justifier]
la position radicale de Wikileaks qui, en filtrant dans une moindre mesure, s'en remet à l'intelligence collective pour faire bon usage des données et du réel qu'elles mettent en perspective. On redonne ainsi [au peuple] la capacité d'auto détermination sur le réel dont la lecture est tronquée à cause d'une opacité d'accès/lisibilité. WL à fait fuiter (sortir, rendu public) ce qui est retiré du connu/commun, ce qui est gardé secret. L

L'organisation controversée agit en transparence, en estimant que les institutions profitent de l'opacité pour agir en toute impunité, sans avoir de compte à rendre. Ainsi, temporairement, WL a retiré [aux puissants] le monopole du secret, a intégré leurs activités au débat public qu'ils tentaient d'éviter ; les a rendus responsables des conséquences de leurs activités illégales (ou outrepassant leurs champs d'action légitimes, prises hors du champ démocratique).

"Privacy for the weak, transparency for the powerful"

Citation attribuée à Julian Assange, fondateur de Wikileaks

[ là où je voulais en venir : WL ouvre des blackboxs, rend lisible ce qui devait resté secret ]
[ Une variation de la compréhention de ce que sont des bibliothèques de l'ombre : des savoirs/pouvoirs gardés secrets, réservés à une population acréditée ]

EX/ WannaCry / Vault7

Un large catalogue d'armes numériques utilisées par les services de renseignement américains est révélé par Wikileaks et l'ultime dossier intitulé Vault7. Une documentation qui n'aurait pas du fuiter (leak de la part des ShadowBrokers), WikiLeaks aurait dû les garder secrets à leur tour sans révéler la force de frappe des États-Unis ? En étant hébergés et accessibles au téléchargement, ces outils de pénétration informatique ont fait des ravages (WannaCry). L'argument avancé sur le terrain de guerre numérique est que la capacité de nuisance (de pénétration) aurait du rester entre les mains des "gentils" à qui il aurait incombé la responsabilité d'un usage nécessaire et bienfondé. En indexant ces outils au registre des connaissances contemporaines, Wikileaks a révélé/documenté leur dangerosité.

L'organisation a rendu publique une bibliothèque/librairie d'outils dangereux : un arsenal de guerre numérique. Une position politique radicale souvent critiquée par ses détracteurs. En agissant pour le bien collectif, le droit à l'information, Wikileaks met-il en danger les activités de terrain ? Est-il responsable des retombées négatives, des usages malfaisants des outils révélés, rendus publics et utilisés par des groupes hackeurs ? Sont-elless, par le secret qui les entoure et la dangerosité des outils qu'elles renferment, à considérer comme des bibliothèques de l'ombre ?
[ TODO, dev, oui?non ]

Modérer sans limite

Une fois encore, nous il est ici question de modération de contenus et de l'aspect problématique des appareils de jugement/évaluation qui justifient de garder ou non un contenu accessible (totalement ou partiellement). Les GAFAM, traitant de larges amas de données, se sont équipé d'outils automatisant cette tache que des humains viennent parfois évaluer pour éviter les faux-positifs. Il s'agira par EX/ de protéger l'exposition à des contenus haineux ou violents, mais on le sait aussi [source, exemple], à invisibiliser des contenus politiques. La fine limite entre modération et censure pose problème. L'immixtion d'intermédiaires politiques dans les espaces semi-publics dérange les publics pour qui l'autodétermination des individus est plus importante que la bienséance prétendue.
[ j'avais commencé un article introductif à ce sujet : modérer_internet ]

Bibliothèques/réseaux non partisan·es ( apolitiques )

Les bibliothèques de l'ombre justifient leur ouverture [source/cite?] par la nécessité de maintenir accessible des œuvres qui pourraient disparaitre. Elles invoquent un devoir de préservation/sauvegarde ouverte et libre (dont les savoirs minoritaires, peu édités, font partie). Un rôle bienfaiteur/protecteur, celui de maintenir en vie, peu importe leur bon goût politique ou l'origine d'une œuvre. Leur rôle serait neutre, non-éditorialiste : elles auraient une position neutre, non partisane (sinon compliquée à tenir). C'est le cas des bibliothèques grossistes comme Libgen ou Z library.

Responsabilité des FAI / hébergeurs

En définitive, elles tiennent la même position apolitique que pouvaient avoir les FAI se positionnant comme non responsables des contenus circulant sur leurs réseaux. Elles fournissent un accès, ce sont les hébergeurs qui sont responsables, ou plutôt leurs clients qui louent ces espaces. Une position neutre, apolitique, bien confortable car déléguant la responsabilité aux usagers finaux (aux clients). Une critique souvent faire aux plateformes/protocoles anonymisant qui protègent des activités illicites et les incriminent moralement comme responsables (inversant la responsabilité : si le couteau existe, c'est un usage particulier qui en sera fait qui sera préjudiciable et qu'il faudrait interdire).

Tor + Chat Control

Une association comme Tor, répondra qu'il faut lutter contre les contenus pornographiques illicites diffusés via les protocoles qu'ils mettent en place mais, pour autant, garantir des solutions de défense de la vie privée : sans compromis. Une position imparfaite selon les forces de polices et associaitons de prévention aux violences faites aux enfants qui jugent que la radicalité de l'anonymat qu'offre le chiffrement devrait contenir des portes dérobés, des moyens exceptionels, permettant "aux gentils" d'accéder aux contnenus dans le cadre d'une enquête. C'est le propos du documentaire d'Arte au sujet du grooming, qui va dans le sens d'une surveillance préventive des réseaux.
[ Nous traitions de ce sujet ici : docu-arte-grooming-chat-control

Danger d'exposition des thèses controversées

Il faut bien entendu chasser les thèses qui portent atteinte aux individus, limiter leur propagation. Mais, dans le même temps, nier cette réalité culturelle historique, gommer le racisme, la xénophobie, ne résout pas le problème de leur existence. Ce qui compte, en les expurgeant de la scène publique, de l'espace politique, c'est d'empêcher leur banalisation, d'éviter l'adoption de ces points de vue. Mais, malgré tout, ce filtrage imparfait produit du ressentiment pour celles et ceux dont la parole est interdite. Ce ressentiment peut d'ailleurs renforcer leur sentiment d'être incompris.es, non considéré.es.

.alt

Leur exclusion peut renforcer leur sentiment qu'il leur faut s'organiser pour résister aux attaques. Contre cette pensée lisse/filtrée, "bien pensante", les collectifs marginalisés s'organisent sur des plateformes qui leur sont plus clémentes dont quoi:X (ou encore Rumble), sous couvert de liberté d'expression, refusent tout arbitrage, diminuent les moyens alloués à la modération, évitant ainsi le rôle politique de jugé, d'arbitre et de censeur [source, datas/stats].

Auto-surveillance / instances

Il nous faut lutter (c'est-à-dire nous équiper de moyens judiciaires/citoyens/techniques proportionnés) pour punir les discours xénophobes, racistes, violents, etc. Or, les espaces platformisés du web nous en déchargent de cette tâche oppositionnelle. Elles choisissent pour nous ce qui est présent dans le réel, préfèrent notre engagement indigné plutôt que notre déconnexion/lassitude/ennui (perdre notre attention). Leurs CGU nous imposent un régime de gouvernance dont les sanctions qui en découlent ne sont pas toujours explicites (EX/ shadow_ban). Nous délèguerons aux algorithmes et aux filtres humains la tâche sensible de réfuter un propos, de refuser une image. Ce qui est retiré de l'espace public-politique commun semble l'être depuis une force extérieure de la volonté collective, naturalisée comme allant de soi. Un statu quo qui nous ramène à reproduire un régime de gouvernance féodaliste.

Cédric Durand,
Technoféodalisme :
Critique de l'économie numérique
.
Éd. La Découverte (2020)
<bib_136>

[ dev / conclure / cite ]

OUTRO reprendre le pouvoir /vs/ intrusion surveillante

En échange d'un sentiment de sécurité, Cédric Durand thèse va à l'encontre de nos aspirations communes. Il faudrait pour cela en revenir à des ilots et petites instances, fédérées et gouvernables (ce qui répartirait la charge de la responsabilité). [ citer Éloge du bug, jardin_numérique ]. La complexité des choix politiques nous est sinon dissimulée par design (jusqu'à l'arborescence des dossiers). Ce qui est proche, stocké en local, se confond avec le cloud lointain.

Les applications (à commencer par le web), sont proposées comme services. Nous sommes tributaires des évolutions consenties par les entreprises monopolistiques qui développent des solutions logicielles dont on peut rarement se passer. Nombreux sont les espaces du web à interdire certains fichiers, à rendre suspectes des activités qui s'éloignent des comportements attendus. Plus généralement, la surpuissance analytique des algorithmes de surveillance scrute les virtualités déviantes, les patterns suspects.

Une chasse à la déviance tout à fait louable, mais qui peut très vite se retourner contre nos libertés individuelles. Intrusives, elles peuvent devenir liberticides, injustes ou instrumentalisées à des fins politiques. Laisser faire n'est pas une position responsable, il faut s'équiper de moyens de gouverner. Il reste aux populations dont les activités sont criminalisées à travers le globe à se réfugier et à maintenir des réseaux alternatifs dont les surcouches protectrices permettront, malgré tout, de vivre et de se développer.

Censures autoritaires / liberté d'expression

Sur le même marché des idées, des ouvrages réactionnaires circulent en toute impunité, soutenus par les médias qui se présentent comme neutres, relayant ce qui fait la norme. Ils citent pourant rarement leurs sources, n'évoquent pas l'implicite de leur bain culturel. Prennons l'exemple des œuvres iconiques de Ayn Rand : The Fountainhead 1943 / Atlas Struggle 1957. Elles traduisent l'idéal de fond d'une pensée libertarienne, ultra-individualiste. Ces romans initiatiques, constituent une force contre l'idéologie du commun et sont devenus des bestsellers (américains).

? Que nous dit la présence de ce livre dans la bibliothèque de Bernard Madoff ? Qu'en serait-il de celle de SBF en 2023 ? N'y trouverions-nous que des livres sur l'altruisme efficace ? Partage-t-il le même corpus idéologique que Sam Altman (SBF et Sam_Altman se revendiquant de l'altruistme efficace) ? Qui a-t-il dans la tête de celles et ceux qui font le capitalisme d'aliénation dans lequel nous (sur)vivons ? De telles projections pourraient elles, par l'agencement des corpus théoriques qui ont fait leur pensée, nous aider à mieux comprendre les dérives que leurs entreprises ont —ou vont— causer ?

Forget the Money : Bernard Madoff

? Quand Julien Previeux expose la bibliothèque privée de Bernard Madoff (extirpée des enchères visant à indemniser les victimes suite à son procès) que nous montre-t-il ? Que documente cet assemblage de textes si ce n'est la fétichisation d'objets marchands, devenus reliques d'un esprit malade sinon brillant ?

Nous voudrions la penser comme bibliothèque de l'ombre, celle qui révèle sans second degré, les sources, l'origine d'une machine capitaliste. L'installation Forget the Money (2011), c'est son nom,

external landscape
https://www.previeux.net/fr/works-forgetmoney.html

nous donne accès à une bibliothèque, à sa physicalité, celle d'un espace habitable privé rendu public. À la lecture des titres, il nous semble accéder à l'essence idéologique d'un capitalisme prédateur dont Madoff est devenu une figure médiatique, un ambassadeur de choix avant d'être déchu (passant de génie à traître/manipulateur).

Par cette intrusion dans l'espace mental de cet homme, nous poursuivons le récit qu'il avait mis en place. Ces reliques, comme autant de ready-made, lui ont appartenu mais les a-t-il lus ? Quelle était sa véritable érudition quant aux sciences économiques et sociales ? En parcourant ces étagères, il nous semble accéder à un corpus qu'on imagine commun à la classe sociale qu'il côtoyait et dont il parlait la langue. Faut-il présager que tout lectorat d'un pareil corpus soit à craindre comme imposteur ? Cette bibliothèque reflète un bain culturel commun d'une certaine élite capitaliste mais c'est avant tout celle d'un homme qui lit aussi des romans policiers, pas uniquement de la théorie financière ou de magie noire.

Una bomber

Comme seconde bibliothèque de l'ombre, nous pensions à celle d'Una Bomber. Dans les années 1980 après une longue traque, le FBI finit par retrouver la piste de cet écoterroriste, réfugié dans une cabane dans la forêt américaine. Elle est devenue un mème artistique/culturel, figure géométrique associée à la folie d'un homme vivant, recul du monde qu'il hait pour les destructions qu'il fait subir à l'environnement. Militant radical, il envoie de nombreux colis piégés (bombes) aux ennemis de sa cause : l'industrialisation. Figure archétypale de l'activiste dangereux, assimilé parfois à la figure de Henry David Thoreau, son abrit de fortune, sa cabane, prise en photographie dans les entrepôts du FBI (à l'esthétique dépouillée d'une galerie d'art) encouragera les artistes à assimiler cet artéfact politique dans leur œuvre (comme ready made visuel). Rendue iconique, la cabane devient un mème artistique, ici reconstitué durant l'exposition Chasing Napoleon au Palais de Tokyo (2009) [ref]

external landscape
via https://www.paperblog.fr/2416533/l-exposition-chasing-napoleon-au-palais-de-tokyo/



Dora Winter, The Unabomber Book Collection, 2008 2009 donne une idée de ses lectures, de son inspiration idéologique. Et, ici encore, l'idée de censurer ces ouvrages semble préférable.
external landscape bibliothèque de l'ombre
via https://we-make-money-not-art.com/chasing_napoleon_at_the_palais/

L'affaire menée par le FBI a rendu publique la liste complète de ses lectures dont :

  • Asimov's Guide to the Bible
  • I and II of Les Miserables
  • Growing Up Absurd by Paul Goodman
  • Ice Brothers by Sloan Wilson
  • Violence in America: a Historical and Comparative Perspectives
    Soit 239 (source) livres retrouvés dans la cabane du terroriste, hégérie d'une culture technocritique radicale.
    Source complète, site dédié :
    https://www.thetedkarchive.com/library/most-complete-fbi-list-of-ted-s-books

On voit ici encore comment le livre, source d'une orientation politique, peut fasciner et endoctriner. Nous avons cette idée assez banale/commune qu'un livre peut changer un homme. Les bibliothèques disent évidemment quelque chose de l'individu qui les maintient, de son bain théorique, de ses aspirations ; quelque chose d'un espace mental et intime dans lequel se projeter ; il est plaisant de retourner aux origines, d'essayer de comprendre les déclencheurs à l'origine d'un méfait ou d'une carrière.


Au regard d'événements tragiques ou inquiétants, l'explication pourra se porter sur les lectures qui ont pu encourager de tels actes. Comme ce fut le cas cette année, alors que la police française enquête sur des attentats/sabotages aillant eu lieu sur les réseaux férrés :

"Dimanche, un homme de 28 ans a été interpellé à Loissel (Seine-Maritime) alors qu'il se trouvait sur un site de la SNCF. Dans son véhicule, les enquêteurs ont découvert "des clés d’accès à des locaux techniques de la SNCF", des "pinces coupantes, un jeu de clés universelles, ainsi que de la littérature en lien avec l’ultragauche". Il avait notamment l’ouvrage de Romain Huët, "Le vertige de l’émeute : de la Zad aux Gilets jaunes" (Éditions PUF). L’homme a été placé en garde à vue à Rouen."

France24, le 29/07/2024 à 18:51, https://www.france24.com/fr/france/20240729-ultragauche-manipulation-étrangère-ce-que-l-on-sait-de-l-enquête-sur-les-actes-de-sabotage

BlackBooks / WuMing

Un dernier corpus politique d'œuvres nous semble ici intéressant pour l'image politique qu'il met en scène. En 2011, WuMing, fait état de manifestations politiques dans l'espace public italien. Durant cet affrontement, la tête de cortège se protège du coup des matraques derrière la couverture de livres aux titres politiques évocateurs (pour qui les ont lus ou connaissent la référence). L'objet vertical, rectangulaire, prend la dimension d'un corps debout jusqu'à l'épaule. La force policière se retrouve alors à taper la matraque au poing sur la couverture de livres boucliers. L'image paraît tout dire d'une volonté d'atteindre les corps quand, en vérité, ce sont les idées qu'on attaque. Sorti de leurs terroirs et bibliothèques, l'objet livre devient l'étendard d'une idéologie politique en action, ce par quoi sont motivées les luttes (certaines du moins). Ce corpus collectif donne de la force à l'action, affine les positions politiques individuelles, renforce les intuitions, outille théoriquement aussi bien qu'en pratique.

Les noms des auteurs et des autrices se substituent à ceux des individus encagoulé·es. La stratégie militante de l'anonymat protège la source d'activités répréhensibles par la loi. L'individu perd ainsi son identité singulière et sociale, endosse celle collective du bloc manifestant. En face de lui, celui de la police qui cherchera, elle aussi, à échapper parfois à l'enquête et à la surveillance de ses actes (en dissimulant son RIO). Deux masses uniformes, niant l'individu, se font face sous leurs carapaces. Ce jour, la bibliothèque mobile est portée par une foule maquée dont on fait souvent le récit pour dire combien elle détruit sans limite : le black bloc. En affichant les sources de son endoctrinement volontaire, ces membres citent leurs sources, sortent de la bêtise qu'on leur attribue souvent. Ce chaos noir, cette obscurité, a des idées et des buts, des origines et des revendications. Cette masse n'a pas la tête vide, elle se situe sur le terrain des luttes. L'anonymat fait partie des moyens de résistance à la surveillance, au contrôle et à la répression qu'elle subit et provoque.

Comme nous le disions [en introduction], le gigantisme de certaines d'entre elles (annas-archive / Z-library) en font des cibles privillégiées (au même titre que Internet Archive). L'idéal libertaire d'un échange de savoirs sans frontière ni privillège de classe accompagne l'utopie d'une bibliothèque monde accessible universellement par les réseaux. Or, ici comme ailleurs, les possédants ne sont pas prêts à laisser prospérer les initiatives illégales. L'illégalisme que prone Pirate.care, celle du jeu et de la subversion des règles (métis diverses), promeux la mise en place de solidarités qui savent se défendre mais aussi rendre jouissive l'existence injustement pénible pour les populations exclues, les minorités. L'illégalisme à l'endroit des ressources de savoir et d'émencipation font partie des moyens d'encapacitation : de retrouver de la force, de l'autonomie, de la joie.

C'est sous cet angle que nous voulions ici aborder le devenir des réseaux qui protègent les communautés en recherche d'espaces publiques protégés (et donc privés). L'ambition militante est toujours la même, repenser les discours anxiogènes qui sur ces réseaux portent le discrédit, satisfaits d'y voir prospérer des activités illicites / dangereuses / délétaires. Il ne s'agit pas de nier le problème politique que nous posent les espaces d'ingouvernabilité qu'ils permettent d'agencer mais de soutinir que ces rares espaces sont les seuls qui restent aux démocraties sous l'ère d'un capitalisme qui, par la surveillance légitime ses positions autoritaires / gagne de l'argent / influence une population rendue adicte (hooked : hamsonnés).